Co - construire ensemble un avenir durable pour le territoire de l'Artense




Symbiose associative, bénévolat et monnaie locale


1. Le bénévolat face aux paradoxes des sociétés capitalistes

Symbiose associative, bénévolat  et monnaie locale
Le bénévolat est fondamental pour le fonctionnement des associations, mobilisant environ 16 millions de personnes qui offrent leur temps et compétences. Ce type d'engagement, bien que non rémunéré, représente une contribution de grande valeur pour le Bien Commun, souvent négligée dans les analyses économiques traditionnelles.

Contrairement aux entreprises marchandes où la création de valeur est méticuleusement mesurée, la valeur générée par le bénévolat pour le Bien Commun est souvent sous-estimée, bien qu'elle soit cruciale pour la société.

L'histoire du bénévolat est étroitement liée à celle de la charité, particulièrement durant le Moyen Âge et avec l'émergence de la société bourgeoise. Aujourd'hui, cependant, le bénévolat est en déclin pour plusieurs raisons, notamment le vieillissement démographique, l'accroissement des contraintes économiques, et un changement dans les valeurs sociales, menant à une baisse de l'engagement communautaire.
 
Aujourd’hui on constate dans plusieurs pays une baisse du bénévolat. Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette évolution : 
 
- Des changements dans la structure démographique, comme le vieillissement de la population, peuvent influencer le bénévolat. Les jeunes générations, souvent confrontées à des pressions économiques accrues, peuvent avoir moins de temps à consacrer au bénévolat comparativement aux générations précédentes.
 
- L'augmentation des contraintes économiques, telles que la nécessité de travailler de longues heures ou de maintenir plusieurs emplois pour subvenir aux besoins de la famille, réduit le temps disponible pour les activités bénévoles. De plus, la précarité économique peut conduire les individus à privilégier des activités rémunérées au détriment du bénévolat.
 
- Un glissement dans les valeurs sociales peut aussi jouer un rôle. Les générations plus jeunes pourraient être moins enclines à s'engager dans des formes traditionnelles de bénévolat, préférant des formes d'engagement plus flexibles ou orientées vers des causes spécifiques.
 
- L'urbanisation croissante et la mobilité géographique des individus peuvent diminuer le sentiment d'appartenance à une communauté locale, ce qui est souvent un moteur clé de l'engagement bénévole. Lorsque les liens communautaires sont faibles, les motivations pour s'engager bénévolement peuvent diminuer.
 
- Le phénomène de "fatigue des bénévoles" peut survenir lorsque les bénévoles se sentent surchargés, sous-évalués ou lorsqu'ils rencontrent des frustrations dues à des organisations mal gérées ou à un manque de soutien. Cela peut décourager la participation continue ou future.
 
- Le manque de reconnaissance pour le travail bénévole et l'absence de structures de soutien adéquates peuvent également réduire la motivation à s'engager ou à continuer le bénévolat. 
 
Nous pensons que ce phénomène n’est pas seulement lié à tous les facteurs que nous venons de recenser. Notre avis est qu’il est en lien avec notre conception de la valeur du Bien Commun. On reste très démuni pour l’évaluer.

2. Redéfinir le concept de Valeur pour le Bien commun

Définir et mesurer la valeur pour le Bien Commun est complexe, nécessitant des critères qui vont au-delà des mesures économiques standards. Nous proposons une définition provisoire:

"La valeur pour le bien commun est l'impact positif d'une action sur la société, incluant les améliorations sociales, environnementales, culturelles et économiques.

Pour quantifier cette valeur, il serait utile de se référer aux Objectifs de Développement Durable. 4 objectifs au moins pourraient service de référence pour qualifier qu'une action est au service du Bien Commun.
 
   - Impact environnemental : Réduction des émissions de carbone, préservation de la biodiversité, entretien du patrimoine, etc..

   - Bien-être social : Amélioration de la santé publique, réduction de la pauvreté, accès à l'éducation, etc...

   - Cohésion sociale : Participation communautaire, réduction des inégalités, sentiment de sécurité, etc...

   - Développement économique local : Création d'emplois locaux, développement des compétences, etc..

Chaque communauté associative pourrait définir à partir des critères du DD, des actions qui pourraient être reconnu comme une contribution au Bien Commun. 

Une fois ces éléments établis, la question qui se pose est celle du dispositif qui pourraient être mis en place  pour créer un échange équitable et durable entre des personnes qui donnent et d'autres qui reçoivent ? 

Les systèmes d'échanges locaux dont on ne parle plus beaucoup en ce moment ont tenté de le faire en créant une bourse des temps et des savoirs. Chaque temps d'échanges de savoirs et ou de services sont enregistrés dans un système de comptabilité des temps et permet ainsi de faciliter la dynamique du don et du contre donc

Certaines associations ont tenté d'intégrer un passage d'écriture qui témoigne de la réalité d'un échange sous forme de ce qu'elles ont appelé "Le bénévolat comptablement valorisé".  mais cette solution se limite finalement à un simple passage d'écriture qui a certes un intérêt au niveau de la reconnaissance mais assez peu au niveau d'un engagement durable et équitable. 

On peut donc dire qua dans la plupart des cas, le travail des bénévoles est économiquement invisible. Ce qui est un paradoxe dans une société où tout se calcule et se mesure. Comment s'étonner que le bénévolat mobilise de moins en moins de personnes ? 

3. Et si les monnaies locales étaient la solution ?

Pour répondre à ce problème et résoudre ce paradoxe, dans un article récent l'alter économiste  Philippe Derrider nous a proposé deux monnaies : une marchande pour les échanges à caractère économique et une autre locale  pour prendre en compte la valeur crée par ceux qui s’investissent sur la question du Bien commun. 
 
La proposition consiste à établir une monnaie locale, dont la valeur ne serait pas basée sur des étalons traditionnels comme l'or ou d'autres indicateurs purement économiques, mais plutôt sur la valeur des contributions de chacun sur un territoire donnée  apporté au bien commun. 

Cela ne pourrait évidement pas se faire sans un travail préalable et démocratique de ce qu'est  la valeur du  bien commun et sans une réflexion partagée et concertée de la monnaie d'échange qui pourrait être utilisée. Ce sont les citoyens eux mêmes d'un territoire qui définiraient finalement eux mêmes ce qui a réellement de la valeur pour sécuriser et et développer leur Bien Commun

Ouvert à tous, ce système permettrait même à ceux qui sont traditionnellement exclus du marché du travail de bénéficier de leur engagement. .

4. Et si le projet de symbiose associative servait de terrain d’expérimentation

Le projet de symbiose associative pourrait servir de cadre expérimental pour la mise en œuvre d'une telle expérimentation. Les étapes pourrait être les suivantes :  
 
1. Étude de faisabilité et consultation
   - Mener une étude de faisabilité pour analyser les impacts économiques, sociaux, et légaux de la mise en place d'une monnaie         locale.
   - Consulter les acteurs communautaires, les experts en monnaie sociale et les autorités locales pour recueillir des avis et suggestions.

2. Définition des valeurs et des critères
   - Définir clairement ce qui constitue une "contribution au bien commun" et établir des critères mesurables pour évaluer ces contributions.
   - Fixer la valeur de la monnaie locale en relation avec les heures de bénévolat ou l'impact des actions entreprises.

3. Création d'une entité gérante
   - Établir une organisation ou une coopérative responsable de la gestion de la monnaie, incluant la frappe, la distribution, et le rachat de la monnaie locale.
   - Assurer la transparence et la gouvernance démocratique de cette entité.

4. Intégration avec les Commerces Locaux
   - Inciter les commerçants et prestataires de services locaux à accepter la monnaie locale, en soulignant les bénéfices d'une économie circulaire et renforcée.
   - Offrir des avantages fiscaux ou des subventions aux entreprises qui participent au système.

5. Lancement d'un Projet Pilote
   - Sélectionner une région ou une communauté pour tester la monnaie locale, surveiller son acceptation et son utilisation.
   - Adapter le projet en fonction des retours d'expérience et des résultats obtenus.

6. Campagnes de Sensibilisation et d'Éducation
   - Organiser des campagnes pour éduquer la population sur les avantages de la monnaie locale et comment elle fonctionne.
   - Mettre en place des ateliers et des séminaires pour former les bénévoles et les commerçants à l'utilisation de la monnaie

7. Évaluation et Adaptation Continues
   - Mettre en place un système d'évaluation continue pour mesurer l'impact de la monnaie sur la communauté et ajuster les politiques au besoin.
   - Utiliser des feedbacks pour améliorer et étendre le système à d'autres régions.

Cette démarche permettrait non seulement de reconnaître la valeur du bénévolat et des autres contributions au bien commun, mais également de stimuler l'économie locale de manière inclusive et durable.

5. La Doume: Un exemple à suivre en Auvergne

La Doume a été mise en place dans un esprit de résilience économique et sociale, avec pour objectif de soutenir les activités locales et de promouvoir des valeurs de solidarité et de durabilité. Inspirée par le besoin de revitaliser les échanges locaux et de renforcer le lien communautaire, la Doume circule au sein d'une économie qui valorise les échanges équitables et le développement durable.

La Doume fonctionne comme un complément à l'euro, circulant uniquement au sein de la communauté locale. Elle peut être utilisée pour acheter des produits et services offerts par les commerçants, artisans, et producteurs qui adhèrent au réseau. Les transactions en Doume favorisent l'économie locale en gardant l'argent au sein de la communauté et en valorisant le commerce de proximité.

Pour les consommateurs, utiliser la Doume est un moyen concret de soutenir l'économie locale et de participer activement à une démarche de développement durable. Pour les commerçants, accepter la Doume permet de fidéliser une clientèle consciente et engagée, et de se différencier dans un marché de plus en plus sensibilisé aux enjeux écologiques et sociaux.

En plus de stimuler l'économie locale, la Doume soutient des projets à impact social ou environnemental. Une partie des fonds générés par la circulation de la Doume est réinvestie dans des initiatives locales qui contribuent à l'amélioration de la vie collective, comme les programmes d'agriculture urbaine, de conservation de l'environnement, ou de soutien aux populations en difficulté. Elle est souvent utilisée pour l'achat de produits alimentaires cultivés en agriculture biologique. 

Les résidents peuvent obtenir des Doumes en les échangeant contre des euros dans des points de change dédiés ou lors d'événements spéciaux. La monnaie est disponible sous forme de billets, chaque unité étant équivalente à un euro pour simplifier les échanges. Les utilisateurs peuvent dépenser leurs Doumes dans tout réseau acceptant cette monnaie, clairement identifié par des autocollants ou des enseignes à l'entrée des établissements.

La Doume est plus qu'une monnaie ; c'est un outil de transformation sociale et économique, conçu pour répondre aux défis modernes par des solutions locales et durables. En choisissant la Doume, chaque membre de la communauté contribue à une économie plus équitable et respectueuse de l'environnement, tout en renforçant le tissu social de notre région.

En savoir plus sur la Doume 

N'hésitez à exprimer vos idées de façon anonyme en utilisant la fonction "Commentaires"

Lu 54 fois


Nouveau commentaire :